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La sociodynamique est une méthode pour structurer la coopération humaine, qui n’est pas innée, afin de créer de la valeur. Elle implique la construction d’un bien commun, l’identification des acteurs prêts à coopérer, l’organisation de stratégies d’alliance au sein d’un écosystème, et l’engagement dans une coopération à long terme pour l’innovation et l’évolution.

La sociodynamique : une logique collaborative

La sociodynamique est une approche intégrant les logiques d’acteurs au cœur des actions. Elle applique des principes d’ingénierie aux relations humaines pour favoriser la coopération, un aspect non inné de l’humanité qui nécessite organisation et outils pour créer de la valeur.

Elle commence par définir le bien commun, pivot de la logique d’acteurs, qui varie selon les impératifs institutionnels et les intérêts individuels. Ce bien commun peut être la préservation des capacités cognitives comme l’extension maximale de ses bénéfices.

La sociodynamique apporte ensuite une dynamique humaine, un mouvement initial qui encourage la coopération. Elle offre un cadre pour cartographier et identifier les acteurs prêts à coopérer, en tenant compte des résistances et de l’importance du temps.

Puis, la sociodynamique souligne que la coopération n’est pas naturelle, induisant la nécessité de stratégies d’alliance pour intégrer l’innovation dans la formation. Il s’agit de regarder au-delà de sa propre organisation et de jouer sur les bords communs pour mettre en œuvre ces stratégies.

Enfin, la coopération doit être envisagée sur le long terme, avec des systèmes de coopération radicale permettant à la fois l’incrémental et les ruptures.

C’est une vision qui place l’expérience humaine et la coopération au centre de l’innovation et du développement professionnel, en cherchant à construire et à maintenir des dynamiques collectives bénéfiques sur le long terme.

Retour d’expérience de Laurent Tuaillon sur le Pacte Régional par France Travail en PACA

Le Pacte Régional par France Travail en région PACA, initié en 2019, a pour but d’accompagner les transformations des parcours de formation pour les demandeurs d’emploi et les entreprises. Il vise à offrir des parcours qualifiants et à augmenter l’accès à la formation, notamment pour les publics fragiles, avec une progression de 20% de l’accès à la formation et une augmentation de 9% du taux de retour à l’emploi.

Des initiatives telles que des modules additionnels de formation, l’utilisation de la réalité virtuelle, et des formations en situation de travail ont été développées pour répondre aux besoins en compétences. France Travail a également adopté une approche de proximité, en s’installant dans des lieux publics pour faciliter l’accès aux services et renforcer la coopération avec divers partenaires locaux.

L’innovation a été stimulée par le Lab France Travail en PACA et des appels à projets ciblant les entreprises et les seniors, favorisant ainsi l’émergence de nouvelles idées et l’évolution des pratiques.

Les dynamiques d’influence

Lorsqu’on aborde la transformation du système d’apprentissage, un aspect crucial est le passage à l’échelle des initiatives. Dans ce contexte, la sociodynamique joue un rôle pivot en utilisant l’influence comme levier pour engager et mobiliser un large éventail d’acteurs. En identifiant notre système d’influence parmi les acteurs qui nous entourent, nous pouvons activer une dynamique qui se propage et touche de nombreux bénéficiaires.

Cette approche sociodynamique est essentielle pour établir des relations solides et durables. Elle repose sur des modes d’animation et de communication stratégiques qui favorisent des logiques de pouvoir d’influence, permettant ainsi de produire des changements significatifs. C’est en observant ces mécanismes en action dans le projet du pacte régional que l’on peut vraiment mesurer leur impact et leur efficacité.

Des expertises d’avenir ont été créées pour répondre aux besoins de formation et aux innovations pédagogiques dans 12 secteurs économiques clés. Ces experts travaillent en étroite collaboration avec les partenaires pour définir les besoins de formation.

En outre, des appels à projets ont été lancés, menant à des rencontres de l’innovation RH à Marseille, où des kiosques ont permis de discuter des contributions et des bénéfices pour les entreprises. Ces initiatives ont connu un tel succès qu’elles ont été répliquées dans d’autres villes, témoignant de la volonté des gens de se réunir pour construire et innover collectivement.

C’est un exemple de la manière dont les coopérations peuvent être renforcées et étendues pour favoriser le développement professionnel et l’innovation au sein des régions.

L’agentivité, la capacité à agir sur son propre environnement

L’agentivité est essentielle pour permettre à chacun d’agir sur son environnement et de partager son expérience. Cette capacité d’incarner le changement est cruciale, car elle transforme l’engagement en actions concrètes. Chez Humans Matter, nous appliquons une ingénierie cognitive pour déclencher cette dynamique, permettant à tous de saisir les enjeux et de reconnaître leurs propres capacités d’action.

À travers des initiatives comme les Lab, nous avons généré des dynamiques qui ont mené à des projets financés, visant à renforcer les compétences cognitives pour un retour à l’emploi efficace, surtout pour ceux éloignés du marché du travail. Ces synergies ont permis la concrétisation de ces projets, incluant des collaborations avec les lauréats d’appels à projets et l’expérimentation de nouvelles méthodes d’intervention en PACA. Douze porteurs de projet ont ainsi démontré leur valeur ajoutée.

Notre approche se distingue par sa continuité et son orientation vers des parcours structurés, mettant l’expérience et l’émotion au centre. En sociodynamique, nous utilisons ces vécus pour créer des dynamiques et proposer des dispositifs innovants. Un récit collectif émerge de ces parcours, entraînant un mouvement et renforçant la capacité à influencer ce récit collectif.

L’accumulation d’expériences nous permet d’aller toujours plus loin, transformant les expérimentations en normes et en réponses incrémentales. Nous devenons ainsi des acteurs clés, influents et influencés par les réponses apportées dans ce processus.

Le système de valeur et de mouvement autour du bien commun

Le système de valeurs est un sujet fascinant. Il nous amène à réfléchir sur la manière dont il crée de la valeur pour nous-mêmes et pour les autres, dans un contexte d’échange. Chez Humans Matter, nous explorons ces notions de valeur, en considérant non seulement l’impact immédiat, mais aussi la création de valeur pour l’avenir.

Dans la sociodynamique, nous identifions les espaces propices aux rencontres et au partage de valeurs. Cependant, il y a une autre dimension essentielle : l’espace-temps. C’est ce dernier qui donne de la profondeur à la coopération. Passer d’une logique d’initiative ponctuelle à un mouvement durable. Ne pas être statique, mais être guidé par une vision à long terme.

Le dispositif proposé en région PACA crée un déséquilibre dynamique, porté par France Travail. Parfois, sans le vouloir, nos actions préparent le terrain pour des développements futurs. Nous avons appris beaucoup de choses en amont, et ces connaissances nous servent aujourd’hui.

La mise en mouvement se réalise grâce à des allers-retours de contributions, dans un esprit gagnant-gagnant. La médiation joue un rôle crucial.

L’objectif est d’avancer ensemble, main dans la main, vers un but commun. Ce n’est pas toujours facile, car chacun apporte sa culture et sa vision des choses. Trouver des points communs permet de progresser et de se rapprocher des objectifs. Récemment, lors d’un appel à projet, nous (région PACA) avons répondu aux besoins d’une entreprise qui peinait à recruter. Nous avons impliqué un nouvel acteur dès le départ : l’entreprise elle-même. Le bilan a été extraordinaire, avec plus de 100 personnes en CDI. Cette réussite est le fruit d’une alliance de compétences, réunissant l’entreprise, le public, France Travail, l’État et l’organisme de formation. Dans cette dynamique, tout le monde évolue, car les entreprises doivent se réinventer pour recruter et fidéliser leurs salariés.

C’est ainsi que nous construisons un avenir où la coopération et la valeur partagée sont au cœur de nos actions.

Le système de mesure

La question de la mesure est centrale dans l’évaluation de l’impact des projets. Chaque acteur, du financeur à l’organisme bénéficiaire, a sa propre perspective sur ce qui doit être mesuré. Trouver un consensus sur une mesure commune est complexe mais essentiel pour le bien commun.

La mesure dépend de la nature du projet. Par exemple, dans notre dernier projet, 51 personnes éloignées de l’emploi ont signé un CDI. C’est une mesure concrète de succès. L’entreprise impliquée a également connu une évolution significative, passant de 200 à 251 employés, ce qui représente une transformation majeure pour elle. L’organisme de formation (OF) a innové avec des solutions sur-mesure, qui sont actuellement en phase de test.

Pour nous, l’important est de considérer l’impact global : l’évolution de l’entreprise, les changements structurels au sein de l’OF, et la réalisation de nos objectifs. C’est une situation gagnant-gagnant pour tous les acteurs impliqués, y compris le public bénéficiaire.

Cette approche globale permet de reconnaître et de valoriser les progrès réalisés par chaque partie, tout en travaillant vers un système de mesure partagé qui reflète l’intérêt collectif.

Un article rédigé sur la base des échanges en webinaire entre :